mercredi 17 juin 2015

Nouvelles estivales...

Une longue absence pour cause de travaux, grossesse et travail!
Beaucoup de projets en cours, cela chamboule un planning, surtout lorsque les artisans débarquent à l'improviste, que les deadlines se succèdent et que les idées se multiplient.

Deux petites nouvelles néanmoins:
un grand jeu-concours de la part de Bragelonne, en association avec Amazon, qui peut vous permettre de gagner une liseuse Paperwhite Wi-fi préchargée d'une centaine de livres numériques.
Comme vous pouvez vous en douter, Sainte Marie des Ombres en fait partie, ainsi qu'une ribambelle de beaux - et bons - romans bragelonniens (dont le feuilleton Les Foulards rouges, que j'ai lu récemment et adoré, mais aussi le superbe Lignes de vie et Nom du vent).
Donc n'hésitez pas, pour découvrir les titres, c'est ici :
http://www.amazon.fr/b?ie=UTF8&node=6755327031
Et pour participer au concours, c'est par là:
http://www.ebookmysummer.com/

Et la deuxième nouvelle, c'est la date de parution du T4 de Sainte Marie des Ombres...
Ce sera... Tadaaaa!
Le 23 septembre prochain.
Oui, je sais, c'était prévu avant l'été.
Mais vous savez quoi?
Le planning débordait, le retard s'accumulait, et on a fait le choix de décaler la date plutôt que faire sortir un livre relu à la va-vite ou mal ficelé. Donc, je m'excuse de ce retard, mais c'est pour la bonne cause, et j'espère que le résultat vous plaira!

Voilà voilà...
Sur ce, je retourne couver ma traduction en cours, mon écriture en cours (le T5! le T5!), ma relecture en cours (le T4! le T4!), mon gros ventre (vivement la ponte, j'ai l'impression d'avoir avalé un ballon de basket) et vous dis à bientôt!



mardi 6 janvier 2015

La cabane aux loups. Un conte de Noël... version sainte Marie

Hello, les gens...
J'avoue, j'ai pris du retard.
Le tome 4 de Sainte Marie des Ombres devait sortir en avril, il sortira en juillet, un retard de trois mois dû à quelques problèmes de santé, du boulot, quelques soucis de famille et, au final, une grosse fatigue accumulée depuis des mois, voire des années.

Burn out?
Peut-être.
Mais également envie d'écrire "bien", pas de speeder pour rendre à tout prix un roman dans les temps, et tant pis si la qualité s'en ressent.

Je me suis remise à ce T4 fin 2014, et j'y travaille à présent chaque jour, avec plaisir, motivation (et parfois surprise, car Marie a tendance à ruer dans les brancards de mes synopsis.)
Mais comme j'ai profité des fêtes pour me mettre au vert et réfléchir à des projets, une idée est venue.
Noël.
L'heure des contes, des bilans de fin d'année, des résolutions, des soirées à se dire que l'obligation d'être heureux à tout prix, ça ne marche pas forcément tout le temps.
"L'obligation d'être heureux à tout prix".
C'est par ces mots que commence donc le texte qui a fleuri pendant les vacances, et que je vous propose donc aujourd'hui:
une nouvelle dans l'univers de sainte Marie, qui parle de sa vision des fêtes de famille.

Cette année, dans notre foyer, on a essayé de mettre l'accent sur les cadeaux personnels et le "fait-maison". Donc voici le petit cadeau que j'ai fait, d'abord à Lily qui avait envie de s'exprimer, et aux lecteurs qui attendront le T4 un peu plus longtemps que prévu...
J'espère que ce texte vous plaira.

Kisses
&
Books
&
Bunnies


Cette nouvelle sera bientôt disponible gratuitement sous la forme d'un ebook aux éditions Bragelonne!

La cabane aux loups
ou
Le conte de Noël de sainte Marie...


J'ai jamais aimé Noël.
Obligation d'être heureux, obligation de se faire des cadeaux, de bouffer à s'en faire éclater la panse, le vieux pervers en rouge qui fait sauter les enfants sur ses genoux en échange de cadeaux et les bises entre blaireaux qui se détestent...... Moyen moins quand on n'a pas un rond, pas de toit, pas de gosse ni d'affinités avec les barbus en traîneau, et encore moins de famille.
Enfin, si. Réduite à un chien.
C'est bien pour ça que depuis qu'on est ensemble, on fête Noël à notre façon, Cullan et moi. En nomades. Incognito.
Cette année, on a profité de la fermeture annuelle du parc du Gévaudan pour aller courir avec les loups. Littéralement parlant.
Quoi, vous me croyez pas ?
Bon, OK, je brode un peu. Les loups, y en a pas des masses, et ceux qui vivent dans la réserve ont appris depuis longtemps à éviter les humains. Un peu comme moi.
Mais on en a entendu quelques-uns, c'est déjà pas mal. Par contre, mon concon de caniche monté en graine a trouvé spirituel de rajouter sa voix cassée à leurs hurlements, ce qui a aussitôt déchaîné un choeur de protestations lupines, mais ça lui faisait tellement plaisir que je n'ai même pas eu envie de lui museler le bec avec une culotte sale – comme quoi, ça m'arrive d'en porter, surtout en hiver, ça tient chaud.
J'avais pas prévu de m'arrêter là, en fait. On zonait dans le sud depuis quelque mois, quand j'avais lâché ma kumpania après avoir appris qu'ils comptaient se rendre aux saintes maries – sans façon, j'ai la même à la maison. Je zappais d'un point à l'autre, en alternant les petits jobs de videuse de bar, serveuse de restaurant – ça a duré trois soirs, j'ai fracassé mon plateau de choucroute sur la tronche du plouc qui a osé me palper le coccyx – dépanneuse, déménageuse et livreuse de colis – ou équivalent, mine de rien, le métier est devenu beaucoup moins prisé des chômeurs et étudiants depuis l'avènement des Ombres, et avec mon camion, je peux aller partout et dormir en chemin. Bref, des mois de boulots de merde, de galère de fric et de boîtes de conserve bouffées froides après des heures de route quand, soudain, l'inspiration m'a frappée : la Bretagne. La mer, les légendes, les galettes de sarrasin et le cidre. Surtout le cidre. Ça a fait tilt, j'ai débarqué le squatteur que j'avais accepté de covoiturer de Montpellier à Montélimar – sans passer par Moncuq, même s'il n'avait pas eu la main baladeuse – pour bifurquer sur la première bretelle venue afin de rallier mon but : la picole, la musique et les Bretons bruns aux yeux bleus. Surtout la picole et la musique.
Moins de deux heures de route plus tard, le crépuscule commençait déjà à tomber. Enfin non, pas vraiment le soir. Plutôt une magnifique casquette de nuages menaçants qui m'ont incitée à chercher au plus vite une aire tranquille, de préférence dotée d'un sanitaire ou d'un abri en dur.
C'est là qu'un nouvel éclair de génie – foin de la fausse modestie – m'a frappée. Ou plutôt, un panneau indicateur.
Tellement couvert de poussière et de fientes de pigeon qu'en descendant du fourgon, à moitié la tête dans le cul et les jambes flageolantes d'être restée trop longtemps assise, j'ai failli ne pas le voir et me l'emplâtrer en pleine face. Trois jurons plus tard, Cullan était assis à côté de moi et me regardait d'un air interrogateur, pendant que je fixais la pancarte.
Village de gîtes de Sainte Lucie – réserve naturelle du Gévaudan.
On l'avait fêtée – ou pas – la veille, la sainte Lucie. La coïncidence m'a paru un peu forte.
Et si le panneau était quasiment invisible, c'était également parce que quelqu'un avait pris soin de le masquer derrière un papier autocollant gris translucide, sur lequel avait été gribouillé au feutre – lui aussi, effacé par le soleil – ou la neige, ou la pollution – « fermeture annuelle ».
Et là, séquence admiration, j'ai fait l'addition :
village de gîtes = petit assortiment de bungalows touristiques, souvent dotés d'un chauffage indépendant, de sanitaires autonomes et d'aménagements prévus pour les urbains chatouilleux du popotin et désireux de venir se ressourcer à la campagne sans pour autant se geler les miches ou s'y faire des escarres en dormant à même le sol.
Réserve naturelle = un grand espace verdoyant loin de toute civilisation, en général interdit aux véhicules comme aux chasseurs, regorgeant de bestioles comestibles. En résumé, le dernier endroit où les curieux et les flics iraient chercher une sainte fugueuse en plein hiver.
Fermeture annuelle = plus personne à bord, à part peut-être les propriétaires dans le bâtiment central – et encore, en général, après avoir fait les réparations urgentes, ils préfèrent ne pas végéter dans leur trou paumé où ils ont moisi toute l'année –, donc solitude, tranquillité et intimité garantie.
Autrement dit, le squat parfait pour une nomade sans fric ni plans pour les prochains mois.
J'ai donc dit adieu à la Bretagne, de toute façon, il pleut tout le temps, les Bretons sont tous casés et même les Ombres y sont alcooliques, pour voir si les loups étaient plus accueillants que les humains.
Et ils l'ont été.
Le premier chalet était trop bien verrouillé, et trop proche du corps de ferme principal, tout comme les deuxième et troisième. Les trois suivants, en roche grise et rose, étaient plus intéressants, mais trop au centre de la réserve – impossible de garer le camion à proximité – et visibles de loin si jamais on on avait allumé un feu de cheminée. Par contre, après avoir tourné à pied en lisière du terrain, lampe-torche en main et casque et collier lumineux branchés, Cullan et moi avons fini par repérer notre bonheur. Voire mieux : le pied ultime.
Une cabane perchée.
Si les arbres n'avaient pas été si déplumés, on l'aurait probablement manquée. Nous venions de longer une plaine entre deux collines, où se tenaient les derniers chalets et quelques roulottes, parsemée par endroits de grands cercles vides dénués de toute végétation. Un bref examen de plus près m'avait menée à la conclusion qu'il s'agissait des emplacements où, l'été, avaient dû se trouver des yourtes, comme en témoignaient des plates-formes, des piquets oubliés là et des cendres de feux. Plus loin, nous avions repéré un alignement de sapins devant un bosquet. Je me suis dit que la forêt comportait peut-être d'autres gîtes, plus à l'écart et mieux dissimulés. Voire à proximité d'un cours d'eau – toujours penser à rester à côté d'une source de flotte. Puis, une trouée dans l'enchevêtrement végétal m'avais laissé apercevoir une silhouette trapue accrochée à un nœud formé par trois arbres qui avaient poussé emmêlés ensemble.
Une cabane.
Perchée à plus de dix mètres du sol, et dont l'échelle de bois ne commençait qu'à partir d'une estrade suspendue à mi-hauteur, reposant sur une fourche de branches.
Cullan m'a fixée d'un air mi-interrogateur mi-paniqué.
J'ai fait un signe négatif de la tête.
Oh, non, mon p'tit père. Cette fois, tu vas pas y couper.
Il a lâché un jappement, comme pour me dire « t'es barjo, ma vieille », puis s'est couché au pied des troncs, sur la dalle de granit qui devait encore garder un chouia de chaleur du jour, avec un soupir résigné de chien victime.
Une demi-heure plus tard, pourtant, il était vautré comme un pacha sur un des lits du gîte, tandis que je finissais de monter nos affaires par le hublot de l'unique pièce à l'aide de la poulie obligeamment laissée là par les propriétaires. OK, ils devaient croire qu'avoir enlevé la partie inférieure de l'escalier découragerait toute tentative de squattage. C'était mal me connaître.
Trois cordes – merci le kit de secours du camion – un grappin d'escalade – itou, c'est également très utile comme pied de biche, énucléateur d'agresseur ou ouvreur de boîte de conserve récalcitrante – et un bon quart d'heure d'efforts pour atteindre le palier intermédiaire, et le reste avait été une promenade de santé : la porte ne fermait qu'avec un cadenas basique que j'aurais pu forcer avec la truffe de Cullan, le bas de l'échelle avait été déposé sur la toiture, et le treuil était redevenu opérationnel, pour hisser d'abord le bagage le plus poilu et couinant de tout mon équipement, puis le matos de première nécessité : armes, lumière, vivres.
Comble du bonheur : il y avait bel et bien un poêle au pétrole à l'intérieur. Entièrement nettoyé et préparé pour la reprise de saison, dans trois mois – j'avais pris soin de vérifier les dates de vacances, en arrivant, quand même.
Le crépuscule nous avait trouvés aussi cosy et pépères dans notre refuge qu'un couple de lycéens dans un abri-bus.
Et le lendemain, après une nuit de ronflements interrompus uniquement par les piaillements de la chouette perchée sur le faitage de notre cabane et qui devait protester devant l'intrusion de nouveaux arrivants chez elle, on avait fait le tour des autres gîtes en quête de provisions et d'occupations.
C'est là qu'on était tombés sur notre bonheur.
Le complexe central était vide. Enfin, au sens de « dépourvu d'habitants ». Mais ceux-ci avaient pensé à tout pour le bien-être de leurs locataires : jacuzzi, SPA, bibliothèque, petite salle de sport, peignoirs moelleux, chandelles en cas de panne d'électricité – ou, comme moi, de squatteurs peu désireux d'attirer l'attention en illuminant l'obscurité à des kilomètres à la ronde – et cheminée comportant une belle réserve de bûches à côté.
On a passé les dix jours suivants à se prélasser comme des rois. Sans jamais dormir sur place, trop dangereux. Mais chaque jour, après avoir vérifié que personne n'était revenu ni n'avait laissé de message indiquant une arrivée imminente, on s'est bichonnés façon coqs en pâte. Cullan a même eu le droit de faire un tour dans la baignoire à remous, histoire de se délasser ses papattes endolories et d'un bon shampoing « spécial cuir chevelu sensible ». Il bien aimé le massage, détesté le sèche-cheveux, et adoré l'emmitouflage dans une couverture – une des miennes, faut pas abuser. Et moi, j'ai particulièrement apprécié de dormir avec une bouillotte qui sentait plus les herbes de Provence que le roquet périmé.
Et chaque nuit, de nouveaux compagnons venaient nous rendre visite. Parfois sans bruit, comme ces oiseaux perchés sur la rambarde de notre terrasse un matin, et qui ressemblaient fort à des rapaces. Ou comme ces traces de sabots, fines et délicates, qui indiquaient que quelqu'un avait reniflé notre arbre avec intérêt avant de repartir en larguant, au passage, quelques crottins au pied de notre corde. Puis d'autres avaient résonné. D'abord au loin, quelques jappements qui avaient tiré Cullan de son sommeil avec un air inquiet, mais qui ne s'étaient pas rapprochés. Puis des couinements et des hurlements, un peu plus près, qui s'étaient mêlés aux ululements de la chouette sur notre toit avant de la faire taire quand, la veille de Noël, ils avaient retenti à peine à une centaine de mètres de notre cabane, peu avant l'aube.
Quand on était allés vérifier le camion – garé entre la barrière du terrain et un alignement de buissons, où personne ne pouvait le voir depuis la route –, on avait trouvé des traces de pattes, au moins une dizaine de bestioles, tout autour, ainsi que quelques marquages odorants que mon pépère s'était empressé de recouvrir de son propre parfum. Les loups étaient venus inspecter notre véhicule et indiquer que l'endroit leur appartenait.
Nous n'avions pas l'intention de le leur voler ni de les emmerder à domicile, et sans doute l'avaient-ils compris, car peu à peu, ils s'étaient rapprochés jusqu'à ce que nous entendions leur complainte résonner au pied de notre arbre, sans qu'elle recèle la moindre nuance menaçante.
Ils nous signalaient leur présence. Revendiquaient les lieux.
Cullan leur a fait savoir que si on n’allait pas leur disputer le territoire, ils n'avaient pas intérêt de leur côté à nous chercher des noises dans notre gîte – en même temps, comment auraient-ils fait pour grimper jusqu'à nous – et je l'ai fait taire d'une claque amicale sur son crâne dur avant de le serrer contre moi pour me rendormir de plus belle, bercée par les nouveaux hurlements qui s'éloignaient.
À l'aube, on a découvert qu'ils nous avaient laissé la carcasse à moitié bouffée d'un lapin en guise de cadeau de bienvenue. J'avoue, le présent me tentait moyen, mais Cullan n'en a fait qu'une bouchée.
Le lendemain, c'était Noël.
Et tu parles d'un réveillon qu'on a fait !
Je me souviens avec émotion du premier que j'ai passé avec Cullan : à peine le toutou remis de la course dont je l'avais sauvé, on était partis pour notre premier trip en solo et, perdus en pleine cambrousse, on avait festoyé d'une biche qui avait trouvé spirituel de venir fracasser le pare-choc du fourgon. La carrosserie avait morflé, la bestiole encore plus, mais une fois le travail gore effectué, on avait eu à manger pour trois jours, et même de quoi en donner aux fermiers qui nous avaient hébergés pendant la grosse tempête qui avait suivi.
Celui de l'année dernière avait été moins gratiné : on était dans une kumpania pas trop pourrie, et les festivités de fin d'année avaient été prétexte à une bamboche assez classique, avec musique, danses, popote en commun – j'avais participé en offrant le produit de ma chasse, à savoir deux lapins et un marcassin à qui Cullan n'avait bouffé qu'un cuissot – et binouze à flots. J'avais atterri avec un p'tit gars plutôt mignon et assez propre, mais tellement bourré qu'il s'était endormi tout habillé à côté de moi. Conclusion, il avait fini éjecté sur le panier de Cullan tandis que celui-ci regagnait avec satisfaction sa place habituelle avec moi. Personne ne s'était plaint, à part mon invité qui s'était réveillé, le lendemain, avec une gueule de bois carabinée et une amnésie assez partielle. Générosité de Noël oblige, je l'avais laissé croire qu'il avait fait tout ce qu'il voulait avec moi et l'avais viré de mon camion presque poliment.
Mais cette année...
Vous n'imaginez pas les vivres qu'un gîte trois étoiles peut détenir dans sa cambuse. Les proprios avaient vraiment dû tout prévoir pour pouvoir redémarrer à la belle saison sans devoir regarnir les étagères au dernier moment.
Enfin, ils n'avaient juste pas pensé que je passerais par là.
Conserves de produits régionaux.
Foie gras maison, pain d'épice, fromages affinés et confitures odorantes.
Petits plats de luxe congelés dans leurs cassolettes individuelles.
Vins liquoreux, champagne et gâteaux en forme de cœur.
Viennoiseries « prêtes à réchauffer » et sachets de café, thé et, comble du bonheur, du chocolat.
Il y avait même des biscuits pour chien et des paniers en osier doublés d'un tissu brodé d'une tête de loup pour transporter nos victuailles.
J'avoue, je me suis gavée à en éclater.
Cette fois, ç'a été un vrai réveillon.
Pas à en exploser, ni à en dépouiller totalement nos aimables hôtes.
Juste de quoi passer, pour la première fois de notre vie commune – et quasiment pour la première fois tout court – une période sans crever la dalle, sans faire la grimace devant une énième boîte de pâté lapin-légumes verts-calcium, sans tirer la tronche autour d'une tablée d'inconnus dans un bouge pourri où, sou prétexte de fête, la galette complète avait triplé de prix.
Histoire d'avoir la conscience tranquille, j'ai profité de notre séjour pour faire quelques réparations dans notre nid d'amoureux. La fuite dans le toit a disparu. Le poêle a été doté d'un casier en bois dissimulant son ventre bombu de pétrole derrière de belles planches poncées à la main. J'ai déposé dans les étagères du gîte quelques livres que j'avais lus à vingt-mille reprises et qui m'encombraient, et dans le congélateur format industriel le résultat de nos longues promenades quotidiennes et du besoin de chasser de Cullan – c'est fou le nombre de bestioles suicidaires des environs, malgré la présence des loups.
Noël, c'était hier.
Et pour la première fois, Cullan et moi l'avons savouré.
Sans s'envoyer des bisous, sans s'offrir de cadeaux, aller à la messe – manquerait plus que ça – se coller une crise de foie ou dégobiller partout – plutôt dangereux d'être bourré quand on est à dix mètres du sol. Mais un Noël serein.
Un bon souvenir à garder au chaud dans le cœur pour les prochaines galères à venir.
Parce qu'il y en aura, je le sais.
Mais cette nuit encore, les loups nous ont chanté leur sérénade, comme si eux aussi accueillaient ce moment de paix loin des hommes. Comme si, nous aussi, faisions partie des lieux. Je me suis toujours trouvée plus proche des animaux que de mes congénères, et je crois qu'ils l'avaient senti. Nous étions adoptés.
Et ce matin, quand on a éteint les lumières et ouvert les volets, le ciel également nous avait fait un présent.
Adieu les Dévorantes, adieu les ombres et les reliefs. Adieu l'herbe, les pierres, les buissons et les couleurs.
Le monde entier avait disparu sous un linceul immaculé, le plus beau, le plus rassurant qui puisse exister depuis que le noir est devenu notre ennemi, depuis que l'obscurité a une faim de loup. Ou d'ogre.
La neige.
Où seules se démarquaient, en longues files, les traces des loups qui avaient veillé sur nous pendant la nuit.
Et cette fois, on a décidé de partir à leur suite, voir où leurs pas nous porteront jusqu'à ce soir.
Alors les emmerdes, venez pas nous chercher aujourd'hui. La sainte est en vacances, son clebs est aux abonnés absents, et le premier qui s'avise de nous faire chier avant la rentrée, on lui envoie nos nouveaux copains aux trousses.
Et si on croise un rennes, on le bouffe et je fais monter ses cornes sur le capot du van en guise de trophée.

À bientôt, mes lapins.


Cette nouvelle sera bientôt disponible gratuitement sous la forme d'un ebook aux éditions Bragelonne!

mercredi 19 novembre 2014

L'opération OP1000K, avec Sainte Marie des Ombres et Bragelonne!

L'opération OP1000K a commencé chez Bragelonne!
Au menu, plein "d'Essentiels" gratuits présentant les premières pages d'une dizaine de romans.
Vous avez le choix entre Fiction, Thriller, Romance, Fantasy, Terreur, SF, Fantastique, Romantica... et Bit-lit !
Dans ce dernier, il y a notamment le début des aventures de Lily la tatoueuse et de son chien Cullan. Si vous n'avez pas encore eu l'occasion de faire connaissance, c'est le moment de foncer!
Et histoire de vous mettre vraiment l'eau à la bouche, voici le programme au sommaire de ce pavé bit-lit:
Christelle Verhoest, Sombre héritage - 1, La Vision de l’Encercleur
Sophie Dabat, Sainte Marie des Ombres - 1, La Brûlure de la nuit
Keri Arthur, Riley Jenson - 1, Pleine lune
Lara Adrian, Minuit - 1, Le Baiser de minuit
Marika Gallman, Maeve Regan - 1, Rage de dents
J.R. Ward, Anges déchus - 1, Convoitise
Larissa Ione, Demonica - 1, Plaisir déchaîné
Suzanne Wright, La Meute du phénix - 1, Trey Coleman
Anne Bishop, Meg Corbyn - 1, Lettres écarlates

Avouez qu'il y a de quoi se faire plaisir...


Autre petite nouvelle moins sympa : pour cause de grosse fatigue, de voiture en fin de vie et de besoin de reformer le cocon autour de notre petite fille qui n'a pas beaucoup vu sa maman au cours des derniers weekends, je ne serai finalement pas au salon du roman populaire d'Elven, contrairement à ce qui était prévu, le weekend du 06 et 07 décembre.
Par contre, rendez-vous à Sèvres le samedi 13 décembre, histoire de se faire des bisous avant les fêtes!




lundi 20 octobre 2014

Un grand silence frisé...


Ceux qui connaissent reconnaîtront sans doute le titre d'un album du Génie des Alpages...


Bref, en ce moment, je me sens comme une brebis de ce troupeau: délirante, décalée, pas forcément très comprise.
Je n'avais pas publié depuis six mois.
Bref, que s'est-il passé depuis avril 2014?
Tout d'abord, une longue période pleine d'écriture, de traduction, de nuits blanches pour bosser/garder la p'tite fille le jour, et ne pas prendre de retard ensuite.
Puis une grosse fatigue.
Des incompréhensions familiales qui alourdissent les relations. Des remises en question.
Puis un licenciement économique dans l'emploi que j'occupais à mi-temps (sans aucun rapport avec le monde de l'édition), mais qui non seulement apportait une certaine sécurité financière, mais était surtout un repère dans ma vie, peut-être le seul point fixe (les aviateurs comprendront) qui m'aidait à surnager lors des crises d'angoisse.
C'était il y a un mois et ça s'est conclu la semaine dernière, sous une pluie torrentielle (la DRH et moi, lors de l'entretien, avions l'impression que quelqu'un venait de tirer la chasse d'eau au-dessus de nous. C'était juste la pluie sur la verrière...)
Je suis rentrée chez moi en moto, le coeur gros et les vêtements lourds de pluie aux relents parfois salés.
Allez, on se remet en selle, c'est un nouveau départ, l'occasion de penser formation, reconversion, plonger enfin totalement dans l'édition (qui, chacun sait, est un domaine florissant en ce moment!)
Mais il y a eu aussi les Imaginales 2014.
C'était la première fois que je voyais la version papier de Sainte Marie des Ombres T1... Quelle joie!
Le (petit) stock est parti en moins d'une après-midi... Merci. (d'où le fait qu'il n'y en ait pas sur les photos...)

Il y avait aussi mes premiers Fragments et Cicatrices, mon recueil de nouvelles féminines du Chat noir. Autant de nouvelles que j'ai écrites à chaque fois en pensant à des proches ou des épisodes de mon passé et qui m'évoquent toujours beaucoup de souvenirs...


Beaucoup de rencontres, beaucoup de retrouvailles, quelques ratages, des projets à foison. Des échanges et concours de chaussures.
Les lapins sont encore roses d'émotion.















Puis il y a eu, cet été, un mariage.
Le mien (bah oui...)
Non, ça n'a rien changé dans nos vies. L'engagement, il a été pris depuis longtemps sous la forme d'une maison et d'une petite fille.
C'était juste l'occasion de porter nos vêtements les plus délirants et d'inviter nos amis à venir faire la fête dans un champ avec nous, puis de faire une balade en barge sur le canal d'Ille-et-Rance. (Et oui, on a fait un gâteau de mariage avec des têtes de mort, et on l'a découpé au son du générique de Buffy. Même pas honte!)

Et en septembre, le Salon du Vampire.
L'occasion de parler, de faire des tables rondes hystériques ou précises et d'échanger avec les lecteurs et visiteurs.

C'est aussi la joie des séances photos (la talentueuse Cécile Guillot est aussi photographe!)

De participer à un atelier de traque au vampire (apparemment, je suis plus douée pour lancer des insultes que des pieux).

Mais aussi de rire et d'échanger bières, conseils, adresses et anecdotes avec la (sombre et triste) équipe d'auteurs présents (il manque Jeanne A Debats sur la photo, devinez où elle est).

Je dois un sonnet à Fabien. Je ne me dédierai pas, mais je continue à me demander comment j'en suis arrivée là.
un grand merci à Adrien Party et tous les bénévoles qui ont fait de ce salon un moment génial!
Puis la morosité de l'automne, l'incertitude du futur, la précarité de tous les gens qu'on connaît et qu'on apprécie.
Heureusement, l'important reste là.
Le T2 de Sainte Marie des ombres est sorti cet été en numérique, et depuis quelques jours en format papier.
Le T3 sortira en numérique mi-novembre.
Je planche sur le T4 (qui sera l'avant-dernier), mais je réfléchis à d'autres projets. un spin-off YA, une série jeunesse, des envies de polar, de romance, de publications.
Ce weekend, c'était Brocéliande Fantastic. Peu de visiteurs, les gens partaient en vacances, mais des gens aimables et intéressés. Des retrouvailles, des rencontres, des échanges. Comme d'habitude, les salons permettent aux gens peu sociables comme moi d'aller vers les autres. J'en reviens avec plein de noms et d'espoirs d'amitié ou de collaboration...
Le weekend prochain, on se retrouvera à la convention Scorfel, à Lannion. J'aurai la joie de revoir Silène, à peine croisée hier et avant-hier, mais aussi Andoryss, Maëlig Duval, Mélanie Fazi, Jean Milleman, Lionel Davoust, Syven, dont je me sens de plus en plus proche, et bien d'autres...
Puis ce sera le Salon fantastique de Paris, une dédicace en novembre dans le jolie librairie d'Alfabulle, puis le salon du roman populaire d'Elven, et enfin le salon de Sèvres, en attendant peut-être d'autres dates en 2015!
Au lieu de ruminer le passé et de craindre pour l'avenir, profitons du présent pour avancer, c'est plus constructif!
Ce weekend, en rentrant de Brocéliande à l'heure du coucher de ma fille, après un dernier bisou, j'ai entendu un léger "je t'aime très fort, maman, bonne nuit".
C'est plus important que tous les boulots et soucis d'argent.
à bientôt, les amis.

lundi 14 avril 2014

Zone Franche de bonheur !

Une semaine après ce weekend court, mais intense, voici venu pour moi le moment de faire un billet du festival Zone Franche 2014 à Bagneux...


Comment dire?
Génial?
Super?
Épuisant?
Fabuleux?
Comment, en quelques mots, résumer 48h de retrouvailles avec des ami(e)s, de rencontres longuement attendues, de découvertes, de moments émouvants, de chaussures, de bière, de combats à l'épée, de galettes œuf/fromage, de crêpes au caramel au beurre salé, de signatures, de fous rires, de papotages, de...
Bref.

Des moments de bonheur avec les dames de Griffe d'Encre, de longues discussions avec mes camarades de stand, des hérissons en papier qui ont été baptisés Johnny et Volvestre par ma petite fille dès leur arrivée à la maison, une demoiselle qui est venue avec une valise pleine de mes livres (du jamais-vu pour moi!), des Irregular Choice (un immense merci, encore, pour leur adoption), et des ratages.
Vanessa, on s'est croisées au moment de se dire au revoir!
Charlotte, quand on rangeait les livres!
Magali, on devait discuter, et on n'a pas eu le temps!
Et plein d'autres, on s'est salué(e)s, on a promis de prendre plus le temps aux Imaginales, j'espère que ce sera possible, j'attends ce moment avec impatience!
Et des photos, plein de photos! Avec Morgane, avec Mathieu et Cécile, avec Maëlig et Syven, avec mes livres, avec d'autres livres (bizarrement, à un festival de livres, on trouve beaucoup de livres!)


Et puis, il faut bien le dire, parfois, on a même travaillé, à ce salon:
- lecture
- dédicaces
- échanges entre auteurs
- rattrapage de vernis à ongles (oups!)

- écriture...
Parlons-en, de l'écriture...
Je m'étais fait un pari, en arrivant à Zone Franche : réussir à terminer, dans le weekend, le tome 2 de ma série Sainte Marie des Ombres.
Autant vous dire que je suis ravie d'avoir perdu mon pari!
Trop de rencontres, trop de rires, trop de... bière, trop de fatigue et de bruit, trop de tout, font que j'ai avancé, mais pas achevé.
Toutefois, Marie m'a suffisamment harcelée durant la nuit suivante pour que je termine son aventure le lendemain soir...
Et un dernier clin d’œil pour ceux qui en doutaient : mais si, quand ils ne sont pas derrière leurs tables, à gribouiller des petits mots sympa à l'attention de gens non moins sympa, les auteurs ont eux aussi des jambes, eh oui! (avec même des pieds au bout, pieds munis d'ampoules à la fin du salon...)
 Sur ce, je vous quitte pour me remettre à la relecture de mon recueil Fragments et Cicatrices (dont j'ai eu la joie de découvrir les superbes flyers à Zone Franche) et je vous dis à bientôt, aux Imaginales!
(et certainement plus tôt sur ce blog, pour d'autres nouvelles...)

jeudi 13 mars 2014

Adieu, Fiona...

Dans la nuit du 4 au 5 mars, ma belle Fiona s'est endormie.
J'en ai déjà beaucoup parlé sur FB et avec mes proches, mais je crois n'avoir jamais expliqué ma relation aux animaux.
Certains se sont étonnés que je pleure autant Fiona.
"Ce n'est qu'un lapin", m'a-t-on dit.
"Pense à tout ce que tu as, ton mari, ta fille, ton métier, ta maison... Il y a plein de gens qui n'ont pas ça. Un animal de compagnie, c'est rien, à côté."
"Qu'est-ce que ça sera quand ce sera un proche, dis donc!"
Etc.
Je ne dis pas que les gens sont insensibles, ils ont en partie raison. Il faut savoir relativiser.
Ce n'était "qu'un lapin", mais c'était le mien, et je veux en venir à un point bien précis : Fiona faisait partie de ce que j'appelle ma "tribu".
Il y a le cercle de mes relations ; les amis, connaissances, parents, cousins, etc. qu'on aime, et qu'on fréquente relativement souvent (avec souvent avec plaisir).
Mais il y a aussi le cercle du quotidien.
Ceux avec qui on vit au jour le jour.
Ce cercle est formé de ma famille, Eric et Nieve, mon compagnon et ma petite fille.
Et ensuite, il y a ma tribu ; des gens qu'on voit chaque jour, des amis avec lesquels on communique (parfois juste sur Internet) tous les soirs, avec qui on partage les joies et peine de la vie, sans tabous ni restrictions.
Nos animaux font partie de cette tribu.
On les voit au quotidien, on s'occupe d'eux, ils s'occupent de nous, on cohabite, on s'aime, on se soigne, on se soutient, on se console (Misty n'a jamais autant dormi contre moi depuis la mort de Fiona...)
Alors oui, quand l'un d'eux part, ce n'est qu'un animal.
Mais dans mon cœur, ça ne fait aucune différence.
Que ce soit un animal ou un humain qui part, quand il s'agit d'un membre de ma tribu, ça ne fait aucune différence. Dans les deux cas, c'est un être vivant auquel j'étais attachée, avec qui j'avais un vécu, des souvenirs, une vie. C'était quelqu'un qui avait un passé, des sentiments, un caractère.
Alors peut-être suis-je extrême dans ma relation aux animaux.
C'est vrai. Ils sont ma carapace quand le monde des humains est trop dur pour moi, ils sont mes doudous vivants.
Je conçois ma relation avec eux comme un mariage : pour le meilleur et pour le pire, jusqu'à ce que la mort nous sépare.
Et si plus de gens étaient comme moi, peut-être que j'aurais moins le coeur brisé à chaque photo d'animal maltraité, à chaque demande d'adoption, à chaque appel à l'aide.
Je devrais m'endurcir, m'a-t-on dit.
Je ne peux pas.
Je ne veux pas.
Si je m'endurcis, j'ai l'impression que je cesserai d'aimer, d'espérer, de ressentir.
Alors je continuerai à pleurer quand j'aurai de la peine, à aimer mes animaux, et à espérer prendre soin des miens et aider ceux que je peux autour de moi.
Je dis ça sans critique aucune envers ceux qui ne partagent pas ces sentiments. Chacun a son ressenti et son vécu. Je donne juste le mien, à la fois pour le partager, car on m'a posé la question, et parce que j'ai besoin de mettre les choses au point dans ma tête après la perte de Fiona.
Son départ me brise, mais elle m'a apporté beaucoup de choses, m'en a fait comprendre d'autres, et me pousse à me remettre en question. C'est toujours du positif, et j'en garderai de bons souvenirs.

(Et la prochaine fois, je parlerai d'écriture!)

mercredi 5 mars 2014