J'avoue, j'ai pris du retard.
Le tome 4 de Sainte Marie des Ombres devait sortir en avril, il sortira en juillet, un retard de trois mois dû à quelques problèmes de santé, du boulot, quelques soucis de famille et, au final, une grosse fatigue accumulée depuis des mois, voire des années.
Burn out?
Peut-être.
Mais également envie d'écrire "bien", pas de speeder pour rendre à tout prix un roman dans les temps, et tant pis si la qualité s'en ressent.
Je me suis remise à ce T4 fin 2014, et j'y travaille à présent chaque jour, avec plaisir, motivation (et parfois surprise, car Marie a tendance à ruer dans les brancards de mes synopsis.)
Mais comme j'ai profité des fêtes pour me mettre au vert et réfléchir à des projets, une idée est venue.
Noël.
L'heure des contes, des bilans de fin d'année, des résolutions, des soirées à se dire que l'obligation d'être heureux à tout prix, ça ne marche pas forcément tout le temps.
"L'obligation d'être heureux à tout prix".
C'est par ces mots que commence donc le texte qui a fleuri pendant les vacances, et que je vous propose donc aujourd'hui:
une nouvelle dans l'univers de sainte Marie, qui parle de sa vision des fêtes de famille.
Cette année, dans notre foyer, on a essayé de mettre l'accent sur les cadeaux personnels et le "fait-maison". Donc voici le petit cadeau que j'ai fait, d'abord à Lily qui avait envie de s'exprimer, et aux lecteurs qui attendront le T4 un peu plus longtemps que prévu...
J'espère que ce texte vous plaira.
Kisses
&
Books
&
Bunnies
Cette nouvelle sera bientôt disponible gratuitement sous la forme d'un ebook aux éditions Bragelonne!
La
cabane aux loups
ou
Le
conte de Noël de sainte Marie...
J'ai
jamais aimé Noël.
Obligation
d'être heureux, obligation de se faire des cadeaux, de bouffer à
s'en faire éclater la panse, le vieux pervers en rouge qui fait
sauter les enfants sur ses genoux en échange de cadeaux et les bises
entre blaireaux qui se détestent...... Moyen moins quand on n'a pas
un rond, pas de toit, pas de gosse ni d'affinités avec les barbus en
traîneau, et encore moins de famille.
Enfin,
si. Réduite à un chien.
C'est
bien pour ça que depuis qu'on est ensemble, on fête Noël à notre
façon, Cullan et moi. En nomades. Incognito.
Cette
année, on a profité de la fermeture annuelle du parc du Gévaudan
pour aller courir avec les loups. Littéralement parlant.
Quoi,
vous me croyez pas ?
Bon,
OK, je brode un peu. Les loups, y en a pas des masses, et ceux qui
vivent dans la réserve ont appris depuis longtemps à éviter les
humains. Un peu comme moi.
Mais
on en a entendu quelques-uns, c'est déjà pas mal. Par contre, mon
concon de caniche monté en graine a trouvé spirituel de rajouter sa
voix cassée à leurs hurlements, ce qui a aussitôt déchaîné un
choeur de protestations lupines, mais ça lui faisait tellement
plaisir que je n'ai même pas eu envie de lui museler le bec avec une
culotte sale – comme quoi, ça m'arrive d'en porter, surtout en
hiver, ça tient chaud.
J'avais
pas prévu de m'arrêter là, en fait. On zonait dans le sud depuis
quelque mois, quand j'avais lâché ma kumpania après avoir appris
qu'ils comptaient se rendre aux saintes maries – sans façon, j'ai
la même à la maison. Je zappais d'un point à l'autre, en alternant
les petits jobs de videuse de bar, serveuse de restaurant – ça a
duré trois soirs, j'ai fracassé mon plateau de choucroute sur la
tronche du plouc qui a osé me palper le coccyx – dépanneuse,
déménageuse et livreuse de colis – ou équivalent, mine de rien,
le métier est devenu beaucoup moins prisé des chômeurs et
étudiants depuis l'avènement des Ombres, et avec mon camion, je
peux aller partout et dormir en chemin. Bref, des mois de boulots de
merde, de galère de fric et de boîtes de conserve bouffées froides
après des heures de route quand, soudain, l'inspiration m'a
frappée : la Bretagne. La mer, les légendes, les galettes de
sarrasin et le cidre. Surtout le cidre. Ça a fait tilt, j'ai
débarqué le squatteur que j'avais accepté de covoiturer de
Montpellier à Montélimar – sans passer par Moncuq, même s'il
n'avait pas eu la main baladeuse – pour bifurquer sur la première
bretelle venue afin de rallier mon but : la picole, la musique
et les Bretons bruns aux yeux bleus. Surtout la picole et la musique.
Moins
de deux heures de route plus tard, le crépuscule commençait déjà
à tomber. Enfin non, pas vraiment le soir. Plutôt une magnifique
casquette de nuages menaçants qui m'ont incitée à chercher au plus
vite une aire tranquille, de préférence dotée d'un sanitaire ou
d'un abri en dur.
C'est
là qu'un nouvel éclair de génie – foin de la fausse modestie –
m'a frappée. Ou plutôt, un panneau indicateur.
Tellement
couvert de poussière et de fientes de pigeon qu'en descendant du
fourgon, à moitié la tête dans le cul et les jambes flageolantes
d'être restée trop longtemps assise, j'ai failli ne pas le voir et
me l'emplâtrer en pleine face. Trois jurons plus tard, Cullan était
assis à côté de moi et me regardait d'un air interrogateur,
pendant que je fixais la pancarte.
Village
de gîtes de Sainte Lucie – réserve naturelle du Gévaudan.
On
l'avait fêtée – ou pas – la veille, la sainte Lucie. La
coïncidence m'a paru un peu forte.
Et si
le panneau était quasiment invisible, c'était également parce que
quelqu'un avait pris soin de le masquer derrière un papier
autocollant gris translucide, sur lequel avait été gribouillé au
feutre – lui aussi, effacé par le soleil – ou la neige, ou la
pollution – « fermeture annuelle ».
Et là,
séquence admiration, j'ai fait l'addition :
village
de gîtes = petit assortiment de bungalows touristiques, souvent
dotés d'un chauffage indépendant, de sanitaires autonomes et
d'aménagements prévus pour les urbains chatouilleux du popotin et
désireux de venir se ressourcer à la campagne sans pour autant se
geler les miches ou s'y faire des escarres en dormant à même le
sol.
Réserve
naturelle = un grand espace verdoyant loin de toute civilisation, en
général interdit aux véhicules comme aux chasseurs, regorgeant de
bestioles comestibles. En résumé, le dernier endroit où les
curieux et les flics iraient chercher une sainte fugueuse en plein
hiver.
Fermeture
annuelle = plus personne à bord, à part peut-être les
propriétaires dans le bâtiment central – et encore, en général,
après avoir fait les réparations urgentes, ils préfèrent ne pas
végéter dans leur trou paumé où ils ont moisi toute l'année –,
donc solitude, tranquillité et intimité garantie.
Autrement
dit, le squat parfait pour une nomade sans fric ni plans pour les
prochains mois.
J'ai
donc dit adieu à la Bretagne, de toute façon, il pleut tout le
temps, les Bretons sont tous casés et même les Ombres y sont
alcooliques, pour voir si les loups étaient plus accueillants que
les humains.
Et ils
l'ont été.
Le
premier chalet était trop bien verrouillé, et trop proche du corps
de ferme principal, tout comme les deuxième et troisième. Les trois
suivants, en roche grise et rose, étaient plus intéressants, mais
trop au centre de la réserve – impossible de garer le camion à
proximité – et visibles de loin si jamais on on avait allumé un
feu de cheminée. Par contre, après avoir tourné à pied en lisière
du terrain, lampe-torche en main et casque et collier lumineux
branchés, Cullan et moi avons fini par repérer notre bonheur. Voire
mieux : le pied ultime.
Une
cabane perchée.
Si les
arbres n'avaient pas été si déplumés, on l'aurait probablement
manquée. Nous venions de longer une plaine entre deux collines, où
se tenaient les derniers chalets et quelques roulottes, parsemée par
endroits de grands cercles vides dénués de toute végétation. Un
bref examen de plus près m'avait menée à la conclusion qu'il
s'agissait des emplacements où, l'été, avaient dû se trouver des
yourtes, comme en témoignaient des plates-formes, des piquets
oubliés là et des cendres de feux. Plus loin, nous avions repéré
un alignement de sapins devant un bosquet. Je me suis dit que la
forêt comportait peut-être d'autres gîtes, plus à l'écart et
mieux dissimulés. Voire à proximité d'un cours d'eau – toujours
penser à rester à côté d'une source de flotte. Puis, une trouée
dans l'enchevêtrement végétal m'avais laissé apercevoir une
silhouette trapue accrochée à un nœud formé par trois arbres qui
avaient poussé emmêlés ensemble.
Une
cabane.
Perchée
à plus de dix mètres du sol, et dont l'échelle de bois ne
commençait qu'à partir d'une estrade suspendue à mi-hauteur,
reposant sur une fourche de branches.
Cullan
m'a fixée d'un air mi-interrogateur mi-paniqué.
J'ai
fait un signe négatif de la tête.
–
Oh,
non, mon p'tit père. Cette fois, tu vas pas y couper.
Il
a lâché un jappement, comme pour me dire « t'es barjo, ma
vieille », puis s'est couché au pied des troncs, sur la dalle
de granit qui devait encore garder un chouia de chaleur du jour, avec
un soupir résigné de chien victime.
Une
demi-heure plus tard, pourtant, il était vautré comme un pacha sur
un des lits du gîte, tandis que je finissais de monter nos affaires
par le hublot de l'unique pièce à l'aide de la poulie obligeamment
laissée là par les propriétaires. OK, ils devaient croire qu'avoir
enlevé la partie inférieure de l'escalier découragerait toute
tentative de squattage. C'était mal me connaître.
Trois
cordes – merci le kit de secours du camion – un grappin
d'escalade – itou, c'est également très utile comme pied de
biche, énucléateur d'agresseur ou ouvreur de boîte de conserve
récalcitrante – et un bon quart d'heure d'efforts pour atteindre
le palier intermédiaire, et le reste avait été une promenade de
santé : la porte ne fermait qu'avec un cadenas basique que
j'aurais pu forcer avec la truffe de Cullan, le bas de l'échelle
avait été déposé sur la toiture, et le treuil était redevenu
opérationnel, pour hisser d'abord le bagage le plus poilu et
couinant de tout mon équipement, puis le matos de première
nécessité : armes, lumière, vivres.
Comble
du bonheur : il y avait bel et bien un poêle au pétrole à
l'intérieur. Entièrement nettoyé et préparé pour la reprise de
saison, dans trois mois – j'avais pris soin de vérifier les dates
de vacances, en arrivant, quand même.
Le
crépuscule nous avait trouvés aussi cosy et pépères dans notre
refuge qu'un couple de lycéens dans un abri-bus.
Et
le lendemain, après une nuit de ronflements interrompus uniquement
par les piaillements de la chouette perchée sur le faitage de notre
cabane et qui devait protester devant l'intrusion de nouveaux
arrivants chez elle, on avait fait le tour des autres gîtes en quête
de provisions et d'occupations.
C'est
là qu'on était tombés sur notre bonheur.
Le
complexe central était vide. Enfin, au sens de « dépourvu
d'habitants ». Mais ceux-ci avaient pensé à tout pour le
bien-être de leurs locataires : jacuzzi, SPA, bibliothèque,
petite salle de sport, peignoirs moelleux, chandelles en cas de panne
d'électricité – ou, comme moi, de squatteurs peu désireux
d'attirer l'attention en illuminant l'obscurité à des kilomètres à
la ronde – et cheminée comportant une belle réserve de bûches à
côté.
On
a passé les dix jours suivants à se prélasser comme des rois. Sans
jamais dormir sur place, trop dangereux. Mais chaque jour, après
avoir vérifié que personne n'était revenu ni n'avait laissé de
message indiquant une arrivée imminente, on s'est bichonnés façon
coqs en pâte. Cullan a même eu le droit de faire un tour dans la
baignoire à remous, histoire de se délasser ses papattes endolories
et d'un bon shampoing « spécial cuir chevelu sensible ».
Il bien aimé le massage, détesté le sèche-cheveux, et adoré
l'emmitouflage dans une couverture – une des miennes, faut pas
abuser. Et moi, j'ai particulièrement apprécié de dormir avec une
bouillotte qui sentait plus les herbes de Provence que le roquet
périmé.
Et
chaque nuit, de nouveaux compagnons venaient nous rendre visite.
Parfois sans bruit, comme ces oiseaux perchés sur la rambarde de
notre terrasse un matin, et qui ressemblaient fort à des rapaces. Ou
comme ces traces de sabots, fines et délicates, qui indiquaient que
quelqu'un avait reniflé notre arbre avec intérêt avant de repartir
en larguant, au passage, quelques crottins au pied de notre corde.
Puis d'autres avaient résonné. D'abord au loin, quelques jappements
qui avaient tiré Cullan de son sommeil avec un air inquiet, mais qui
ne s'étaient pas rapprochés. Puis des couinements et des
hurlements, un peu plus près, qui s'étaient mêlés aux ululements
de la chouette sur notre toit avant de la faire taire quand, la
veille de Noël, ils avaient retenti à peine à une centaine de
mètres de notre cabane, peu avant l'aube.
Quand
on était allés vérifier le camion – garé entre la barrière du
terrain et un alignement de buissons, où personne ne pouvait le voir
depuis la route –, on avait trouvé des traces de pattes, au moins
une dizaine de bestioles, tout autour, ainsi que quelques marquages
odorants que mon pépère s'était empressé de recouvrir de son
propre parfum. Les loups étaient venus inspecter notre véhicule et
indiquer que l'endroit leur appartenait.
Nous
n'avions pas l'intention de le leur voler ni de les emmerder à
domicile, et sans doute l'avaient-ils compris, car peu à peu, ils
s'étaient rapprochés jusqu'à ce que nous entendions leur
complainte résonner au pied de notre arbre, sans qu'elle recèle la
moindre nuance menaçante.
Ils
nous signalaient leur présence. Revendiquaient les lieux.
Cullan
leur a fait savoir que si on n’allait pas leur disputer le
territoire, ils n'avaient pas intérêt de leur côté à nous
chercher des noises dans notre gîte – en même temps, comment
auraient-ils fait pour grimper jusqu'à nous – et je l'ai fait
taire d'une claque amicale sur son crâne dur avant de le serrer
contre moi pour me rendormir de plus belle, bercée par les nouveaux
hurlements qui s'éloignaient.
À
l'aube, on a découvert qu'ils nous avaient laissé la carcasse à
moitié bouffée d'un lapin en guise de cadeau de bienvenue. J'avoue,
le présent me tentait moyen, mais Cullan n'en a fait qu'une bouchée.
Le
lendemain, c'était Noël.
Et
tu parles d'un réveillon qu'on a fait !
Je
me souviens avec émotion du premier que j'ai passé avec Cullan :
à peine le toutou remis de la course dont je l'avais sauvé, on
était partis pour notre premier trip en solo et, perdus en pleine
cambrousse, on avait festoyé d'une biche qui avait trouvé spirituel
de venir fracasser le pare-choc du fourgon. La carrosserie avait
morflé, la bestiole encore plus, mais une fois le travail gore
effectué, on avait eu à manger pour trois jours, et même de quoi
en donner aux fermiers qui nous avaient hébergés pendant la grosse
tempête qui avait suivi.
Celui
de l'année dernière avait été moins gratiné : on était
dans une kumpania pas trop pourrie, et les festivités de fin d'année
avaient été prétexte à une bamboche assez classique, avec
musique, danses, popote en commun – j'avais participé en offrant
le produit de ma chasse, à savoir deux lapins et un marcassin à qui
Cullan n'avait bouffé qu'un cuissot – et binouze à flots. J'avais
atterri avec un p'tit gars plutôt mignon et assez propre, mais
tellement bourré qu'il s'était endormi tout habillé à côté de
moi. Conclusion, il avait fini éjecté sur le panier de Cullan
tandis que celui-ci regagnait avec satisfaction sa place habituelle
avec moi. Personne ne s'était plaint, à part mon invité qui
s'était réveillé, le lendemain, avec une gueule de bois carabinée
et une amnésie assez partielle. Générosité de Noël oblige, je
l'avais laissé croire qu'il avait fait tout ce qu'il voulait avec
moi et l'avais viré de mon camion presque poliment.
Mais
cette année...
Vous
n'imaginez pas les vivres qu'un gîte trois étoiles peut détenir
dans sa cambuse. Les proprios avaient vraiment dû tout prévoir pour
pouvoir redémarrer à la belle saison sans devoir regarnir les
étagères au dernier moment.
Enfin,
ils n'avaient juste pas pensé que je passerais par là.
Conserves
de produits régionaux.
Foie
gras maison, pain d'épice, fromages affinés et confitures
odorantes.
Petits
plats de luxe congelés dans leurs cassolettes individuelles.
Vins
liquoreux, champagne et gâteaux en forme de cœur.
Viennoiseries
« prêtes à réchauffer » et sachets de café, thé et,
comble du bonheur, du chocolat.
Il
y avait même des biscuits pour chien et des paniers en osier doublés
d'un tissu brodé d'une tête de loup pour transporter nos
victuailles.
J'avoue,
je me suis gavée à en éclater.
Cette
fois, ç'a été un vrai réveillon.
Pas
à en exploser, ni à en dépouiller totalement nos aimables hôtes.
Juste
de quoi passer, pour la première fois de notre vie commune – et
quasiment pour la première fois tout court – une période sans
crever la dalle, sans faire la grimace devant une énième boîte de
pâté lapin-légumes verts-calcium, sans tirer la tronche autour
d'une tablée d'inconnus dans un bouge pourri où, sou prétexte de
fête, la galette complète avait triplé de prix.
Histoire
d'avoir la conscience tranquille, j'ai profité de notre séjour pour
faire quelques réparations dans notre nid d'amoureux. La fuite dans
le toit a disparu. Le poêle a été doté d'un casier en bois
dissimulant son ventre bombu de pétrole derrière de belles planches
poncées à la main. J'ai déposé dans les étagères du gîte
quelques livres que j'avais lus à vingt-mille reprises et qui
m'encombraient, et dans le congélateur format industriel le résultat
de nos longues promenades quotidiennes et du besoin de chasser de
Cullan – c'est fou le nombre de bestioles suicidaires des environs,
malgré la présence des loups.
Noël,
c'était hier.
Et
pour la première fois, Cullan et moi l'avons savouré.
Sans
s'envoyer des bisous, sans s'offrir de cadeaux, aller à la messe –
manquerait plus que ça – se coller une crise de foie ou dégobiller
partout – plutôt dangereux d'être bourré quand on est à dix
mètres du sol. Mais un Noël serein.
Un
bon souvenir à garder au chaud dans le cœur pour les prochaines
galères à venir.
Parce
qu'il y en aura, je le sais.
Mais
cette nuit encore, les loups nous ont chanté leur sérénade, comme
si eux aussi accueillaient ce moment de paix loin des hommes. Comme
si, nous aussi, faisions partie des lieux. Je me suis toujours
trouvée plus proche des animaux que de mes congénères, et je crois
qu'ils l'avaient senti. Nous étions adoptés.
Et
ce matin, quand on a éteint les lumières et ouvert les volets, le
ciel également nous avait fait un présent.
Adieu
les Dévorantes, adieu les ombres et les reliefs. Adieu l'herbe, les
pierres, les buissons et les couleurs.
Le
monde entier avait disparu sous un linceul immaculé, le plus beau,
le plus rassurant qui puisse exister depuis que le noir est devenu
notre ennemi, depuis que l'obscurité a une faim de loup. Ou d'ogre.
La
neige.
Où
seules se démarquaient, en longues files, les traces des loups qui
avaient veillé sur nous pendant la nuit.
Et
cette fois, on a décidé de partir à leur suite, voir où leurs pas
nous porteront jusqu'à ce soir.
Alors
les emmerdes, venez pas nous chercher aujourd'hui. La sainte est en
vacances, son clebs est aux abonnés absents, et le premier qui
s'avise de nous faire chier avant la rentrée, on lui envoie nos
nouveaux copains aux trousses.
Et
si on croise un rennes, on le bouffe et je fais monter ses cornes sur
le capot du van en guise de trophée.
À
bientôt, mes lapins.
Cette nouvelle sera bientôt disponible gratuitement sous la forme d'un ebook aux éditions Bragelonne!
Cette nouvelle sera bientôt disponible gratuitement sous la forme d'un ebook aux éditions Bragelonne!